Août 2009

 


Gilles Elbaz

                      est décédé le 18 juillet 2009, à Lorient où il vivait depuis longtemps.


Il était un poète et un artiste de talent. Peut-être le plus original de cette génération des années 70. Il était un homme intègre, droit, loyal et amical. Nous l'aimions depuis qu'il était apparu dans l'émission La Fine fleur de la chanson française, de Luc Bérimont et parmi les chanteurs enregistrant à la Boîte à musique (les disques BAM ou Alvares).

Sur le faire-part annonçant son décès figurait ce texte d'une de ses chansons (Chanson qu'il avait enregistrée sur le disque Rue des Envierges) :

Le sourire de Bouddha

Or un jour est né le sentiment de l'absence,
un verre de cristal oublié sur une table,
les empreintes du buveur inscrite sur l'anse,
et la trace de ses lèvres sur le bord de ses fables.

Et Gilles rêvait tout seul au fond de sa nuit,
il se répétait sans cesse les contes du passé,
tous les vents inventés afin de mordre la vie,
et ceux que sa liberté naissante avait refusés.

Gilles souriait béatement vers le ciel,
vers les entrepôts de l'espoir et de la connaissance,
un soleil à la main effronté de pluriel,
l'avenir cloué au plus profond de l'aisance.

Il dérivait comme un bateau sans capitaine,
ses journées n'affrontaient pas le temps mais la paresse
il ne savait plus rire, même pas de ses fredaines
et s'acoquinait avec le silence et la mollesse.

Gilles se rappelait des fureurs dans sa tête,
il errait parmi les peurs et les fracas du temps.
Avec du soleil, les nuages nous font la fête
et les chiens fous donnent la démesure du printemps.

Mais entre deux silences, l'espoir se laisse convaincre
et le premier fou qui saura rire sourira
de l'amoureux et de sa féminine étreinte
et goûtera le vin avec le sourire de Bouddha.

 

 

Il a été enterré le 22. Le même jour, lui a été rendu un hommage au cours duquel Laurent Malot a chanté Les mots sont de la musique, accompagné par Clément Elbaz, Michel Goubin et Hervé Le Dorze.

 

Voici un poème écrit par Aline Dhavré, à la suite de cette journée.

 

Je n'aurai pas vu Lorient
Par beau temps
Sur les bateaux les mâts couchés
Font la grève
Un cormoran s'est envolé
Vers ses rêves
Il parle au vent
Longtemps sur la ville ployée plane son chant

Une fillette et son bouquet
D'astarées
Ouvre une porte de soleil
Dans l'allée
Le ciel dévide ses filets
Argentés
Pour ta ballade aux parvis de l'éternité

La terre lourde efface tout
Sans pitié
Pour la beauté, pour les regards,
Les baisers
Chacun cherche en soi
Où te garder
Le cormoran dans les nuages s'est noyé