Place publique
septembre / octobre 2009

 

Jacques Bertin romancier

 

J'en ai fait un must de mes cours d'éthique du journalisme: comment traiter l'exposition de peintures d'un ami, qui mériterait au mieux le silence, au plus juste la descente aux enfers de la critique picturale? À vos imaginations…


Quand un ami écrit un mauvais livre, on esquive. Quand il écrit un livre… sensationnel, on a envie de le partager, d'offrir ce moment de ravissement à tous.


Alors oui, Jacques Bertin, précoce (trop précoce ?) prix de l'Académie Charles Cros, successeur annoncé (trop annoncé ?) de Brel et Brassens, artiste (trop?) engagé contre le show-biz, chantre (trop?) talentueux des autres, Félix Leclerc et Québécois divers et variés, Jacques Bertin est un véritable écrivain.


Pas de ceux qui s'écoutent, qui se disent, qui se déboutonnent conformément aux us et coutumes marchands de l'époque (quoique...), mais de ceux qui écoutent, sentent, interprètent (au beau sens que l'on utilise en chanson) les autres, la vie des autres, avec une générosité, une capacité hors du commun.


Quand ces autres sont ceux de Chalonnes, des rives de la Loire, au point qu'on se demande si ce n'est pas le fleuve, qui est le véritable héros, on n'a qu'envie de partager l'histoire avec ceux de l'embouchure, ceux de Place Publique, ceux de Nantes, puisque c'est là qu'il est diffusé.


L'histoire d'Edmond et Léonie, l'histoire de Chalonnes la prude, l'histoire des curés et des laïques, l'histoire du "peuple de France", l'histoire sociale de l'après-guerre, l'histoire sensationnelle et haletante de ce fait divers sensationnel.


Bertin le dit lui-même en postface : "Dans quelle mesure l'auteur se moque-t-il du monde ? Pourquoi prend-il le risque mortel d'écrire, en 2008, une histoire édifiante, populiste, régionaliste, naïve à beaucoup d'égards ?"


Vous le saurez si vous entrez dans l'histoire. Elle vous le rendra au centuple et vous en donnera, des sensations, tout au long cours de ses bonheurs d'écriture. Rien que de très moral dans tout cela. Foi de Bertin.

Loïc HERVOUET